Les calvaires font partie de notre patrimoine aussi bien qu'une maison rurale, qu'une forêt, ou que tout autre oeuvre architecturale ou culturelle.
Evidemment, on n'attache plus la même signification à ces crucifix qu'autrefois. On ne s'y attarde plus en faisant le signe de croix, les valeurs ne sont plus les mêmes aujourd'hui.
Les familles ne les ont pas érigés au hasard. Bien souvent, ils évoquent un événement relatif à la vie paroissiale ou familiale (décès, accidents), ou nombreux sont ceux qui ont été érigés en action de grâce.
Aujourd'hui, la génération détentrice des renseignements utiles est en voie de disparition, la transmission des légendes et des récits est interrompue. Il nous reste des noms, dates, recommandations gravés dans la pierre.
Les calvaires sont souvent placés à une intersection et la plupart sont en grès des Vosges pour résister au temps. Leur pose remonte aux XVIIIe et XIXe siècles.
Les guerres, accidents et intempéries ont mis à rude épreuve ces structures. Nous les avons reçues en héritage, il nous incombe de les préserver pour les générations futures.
Calvaire rue du Lieutenant Cambours
Notre plus ancien calvaire a été érigé en 1776. Il se trouvait autrefois à la sortie du village, devant le restaurant "A la Couronne". Mal situé, la famille le fit déplacer à la fin du XIXe siècle. Un marronnier centenaire était planté juste derrière, il ne résista pas à la tempête de décembre 1999.
Le calvaire en grès badigeonné surmonté d'un petit toit en tôle porte l'inscription en écriture gothique suivante :
" Es Seye Weit von mir dass ich mich rühme, als in dem Kreutz unseres Herrn Jesu Christi, durch welchen mir die Weit gekreutziget und ich der Welt zu den Galater am 6. KAP 14-18
Dieses Kreutz hat errichten lassen der Burges Augustin Beyck und Catharina Höchstetterin. 1776"
Verset de la Bible "lettre aux Galates ".
" Que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil. Par elle, le monde est à jamais crucifié pour moi, et moi pour le monde dans Galates. Cette croix est érigée par les citoyens Augustin Beyck et Catharina Hochstetterin en 1776 "
Calvaire à la sortie Nord
Cette croix en grès se trouve le long de la Route Nationale, à la sortie Nord de Kilstett, en direction de Gambsheim, à proximité du Monument à la Mémoire des Combattants de la Bataille de Kilstett. En grès, ce calvaire a été érigé à la mémoire de Simon Seyler (né en 1775) et de sa femme Catherine Jung (née en 1767) qui se sont mariés le 9 février 1803.
Taillé en rocaille, on y trouve la statue de la Vierge Marie agenouillée à gauche, le crâne d'Adam sur un tibia et un vase d'aloès taillés en haut-relief sur le côté droit.
Le calvaire porte l'inscription en écriture gothique suivante :
" Wer vor diesem Kreuz 5 Vater ud 5 Avé Maria und den Glauben betet hat 40 Tage Ablass.
ieses Kreuz ist aufgerichetet durch Simon Seiler und Anna Catherina Jung. "
"Celui qui prie devant cette croix 5 Notre Père et 5 Avé Maria et a la foi, a 40 jours de répit.
Cette croix est érigée par les époux Simon Seiler et Anna Catherina Jung".
Calvaire "S'Kriz im Oberend" au Sud du village
Ce calvaire en grès a été restauré par le sculpteur Fernand Kriss de Saverne en 2000, après le dommage causé par la tempête de 1999 qui mit à terre la croix. Taillé en rocaille avec le crâne d'Adam sur tibia sculpté en haut-relief à l'avant, deux statues sont érigées de part et d'autre de la croix, à gauche la Vierge Marie les mains jointes, la tête levée, et à droite Ste Madeleine tenant une écharpe entre ses mains.
Le calvaire porte l'inscription en écriture gothique suivante :
" Wer nur aus das Kreuz trauet auf ein sichern Felsen bauet drum steht dieses Kreuz allhier, Welches dankbar wiedmen dir Frantz Joseph Homel und Maria Odilia Knaab. Eheleute von Kilstett 1823.
40 Tag Ablab wenn 5 Vater unser Ave Maria und den Glauben hier bethet. "
" Celui qui construit sa foi dans la Croix, construit sur un roc solide. Pour cette raison, elle a été érigée ici. A tout jamais reconnaissante la famille Frantz Joseph Homel et Maria Odilia Knaab. Epoux de Kilstett 1823.
40 jours de répit pour celui qui prie sa foi 5 Notre Père et 5 Avé Maria."
Frantz Joseph Hommel (né en 1789) et Marie Odile Knaab (née en 1781) se marièrent le 7 août 1810 et habitaient 8 rue du Cimetière.
Calvaire "Remig's Kritz" rue de l'Etang, rue de Mai
Cette croix se trouvait côté droit de la rue de Mai et fût déplacée côté gauche pour agrandir le virage.
Le monument, en grès rouge et gris, présente des signes de restauration : la partie supérieure est plus récente que la base.
Une inscription de 1750 est visible à l'arrière. Le sculpteur a-t-il utilisé une pierre d'un ancien calvaire détruit ou endommagé pendant la Révolution ?
L'inscription gravée dit ceci :
" Dieses Kreutz ist erichtet durch die Gemeinde Kilstätt 1827 "
"Cette croix a été érigée par la paroisse de Kilstätt 1827"
Calvaire "Am Matzelsloch" rue du Rhin, rue de l'Ill
Le monument porte de nombreuses traces de balles à sa partie inférieure en grès, notamment sur l'inscription. Cette partie est plus ancienne que la partie supérieure.
La croix est en profilé d'acier et le Christ en fonte.
L'inscription est partiellement lisible :
"J. Michael Raeppel und Salomé Hommel haben dieses Kreutz Aus Andacht und geh... aufstellen lassen... brachmonat 1832 "
"J. Michael Raeppel et Salomé Hommel ont érigé cette croix de la dévotion et..."
J. Michel Raeppel, charpentier, né le 15 juillet 1786 à Souffelweyersheim, s'est marié avec Salomé Hommel (alors âgée de 18 ans) le 25 novembre 1804. Ils habitaient rue du Lieutenant de Bettignies, anciennement "Matter Rosel".
Calvaire "Bodejerje Kritz", rue du Lt de Bettignies
L'inscription sur ce calvaire dit :
" Wer 3 Vater unser, 3 Ave Maria und den Glauben betet, erhählt 40 Tage Ablass. Dieses Kreuz ist aufgestellt worden durch Jacob Herrmann und Magdalena Ebel. Eheleute in Kilstett. "
"Celui qui prie pour la foi 3 Notre Père et 3 Avé Maria et a la foi, reçoit 40 jours de répit. Cette croix est érigée par Jacob Herrmann et Magdalena Ebel. Epoux à Kilstett."
Le calvaire porte un pélican (la représentation de l'eucharistie) qui nourrit ses petits, et, l'Oeil de Dieu dans un triangle, dans l'arrondi, sous le Christ.
Jacob Herrmann (né à Kilstett le 8 février 1831) et son épouse (née à Bettenhoffen le 26 janvier 1828) habitaient en face de la croix au 20, rue du Lieutenant de Bettignies.
Endommagé par la Bataille de l'Hiver 1944-1945, puis par les intempéries, le calvaire se dressait dans un état lamentable en 1980. Une quarantaine de descendants de Jacques Herrmann se sont partagés les frais de la restauration effectuée par M. Hilberer d'Oberhausbergen. M. le Curé Kaltenbacher et le Père Sitterle l'ont béni le Dimanche des Rameaux en 1981.
Texte de Geneviève Murer